NOUVELLES ORIETATIONS DE LA POLITIQUE DE RECHERCHE AU CRIDE
Au départ les activités du CRIDE étaient inscrites autour de trois thèmes principaux:
LES PRIORITES ACTUELLES.
Mais avec l’évolution de nouvelles thématiques du développement, le CRIDE inscrit ses priorités en se conformant aux principales orientations à la fois des Objectifs du Développement Durable (ODD) et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
En effet, plusieurs cibles des ODD incitent le CRIDE à réorienter ses engagements de recherche, notamment l’objectif Les orientations et les attitudes concernant les problèmes de la recherche et du procès de connaissance dépendant en général contre la pauvreté, l’objectif 2 qui vise la promotion de la sécurité alimentaire, l’objectif 3 pour la promotion du bien-être de tout homme et tout l’homme, l’objectif 4 pour la promotion d’une éducation inclusive sans oublier les exigences du Genre (objectif 5), l’objectif 6 soulève l’épineux problème d’accès à l’eau tant pour les ruraux que pour les citadins, l’aménagement urbain durable et résiliente (objectif 11) ou encore l’objectif 13 qui en appelle à un engagement mondial pour la lutte contre le changement climatique.
Il va sans dire que ces préoccupations vont de pair avec les aspirations de l’Agenda 2063 de l’UA, notamment l’Aspiration des positions épistémologiques et des difficultés qu’on rencontre dans la recherche elle-même. La recherche1 qui vise une croissance inclusive et le développement durable sans oublier la lutte contre la pauvreté, l’Aspiration 3 pour la bonne gouvernance, l’Aspiration 4 pour la paix et la sécurité comme gage de la construction nationale, et surtout l’Aspiration 6 qui repose l’avenir du continent sur l’engagement et la mobilisation des femmes et des jeunes pour le bien-être social. L’Aspiration de l’UA en faveur de la valeur ajoutée des ressources naturelles qu’il faudra bien gérer retient notre attention sans oublier l’impératif de la modernisation de l’agriculture dans le continent.
Fort de ce nouveau deal panafricain, le CRIDE entend changer son fusil d’épaule et s’engager dans la voie de la recherche fondamentale et de la recherche-action ou de la recherche participative pour réfléchir et matérialiser ce rêve. En effet, la recherche participative s’applique dans les contextes de la vie réelle et des changements sociaux. Elle peut se faire sous forme soit d’une expérience qui s’inscrit non seulement dans le domaine de la pensée abstraite ou théorique du chercheur, mais aussi dans le monde réel; sous forme d’une action délibérée ayant comme objet un changement réel des groupes sociaux ou la préparation des actions futures à réaliser dans un milieu social et sous forme d’une expérience interdisciplinaire.
La recherche participative se fait dans le souci d’appliquer et de développer la science à partir de la pratique. Elle se propose de dépasser le style traditionnel de la recherche où, le chercheur est souvent convaincu de son autosuffisance scientifique et se préoccupe moins des problèmes et intérêts des populations qu’il utilise souvent comme objet. L’expérience montre que dans la recherche classique ou académique, les lacunes et intérêts théoriques du chercheur constituent la motivation principale du chercheur à effectuer une recherche. En recherche participative par contre, les problèmes de la vie réelle prennent le pas sur les simples intérêts théoriques du chercheur. Il vrai que dans la recherche classique, le développement théorique de la science peut déboucher sur la résolution des problèmes pratiques qui se posent dans la société, mais il faut reconnaître que cela n’arrive que fort peu. Mieux encore, il faut dire que dans la recherche classique, il y a une relation indirecte entre la théorie et la pratique alors qu’en recherche-action, cette relation est ou se veut directe.
En RDC, la crise de la recherche tient principalement, d’une part, au fait que les résultants de la recherche ne sont souvent pas utilisés ou exploités et, d’autre part, au fait que la finalité de la recherche n’a pas d’impact sur les systèmes social, économique, politique et culturel. Le CRIDE a pris conscience de ces lacunes et s’efforce à y remédier.
La recherche participative a son fondement théorique et méthodologie dans la conscientisation. Cette dernière est conçue comme toute action dans ou sur un milieu social, une collectivité ou un groupe, action qui vise à développer la communication et à organiser ou structurer la vie sociale par le moyen des méthodes semi-directives; elle est une méthode de participation et d’intégration; elle permet l’adaptation aux nouvelles formes de la vie sociale et la résolution des problèmes d’Inadaptation et favorise le développement individuel et collectif.
LES AXES DE RECHERCHE
Eu égard à ce qui précède, le CRIDE organise actuellement ses investigations individuelles et collectives sur les 4 axes suivants dont chacun est confié à une Unité de Recherche (UR) composée de chercheurs de différents domaines:
UR 100: Innovation, Alternatives Sud et Education au développement durable
Le système scolaire n’est plus la seule institution sociale qui s’occupe de l’éducation et de la diffusion des connaissances et du savoir. Le rôle traditionnel reconnu ou attribué à l’école est aujourd’hui remis en cause. Le système scolaire semble ne plus répondre aux attentes de la société. L’école n’est plus considérée comme le moyen principal qui confère le bien-être social et économique.
Les insuffisances de l’éducation scolaire militent en faveur d’une éducation non scolaire. Cela ne veut cependant pas dire qu’il faut détruire l’école; mais l’idéal de notre société actuelle et les réalités sociologiques et économiques du moment mettent en question la fonction traditionnellement reconnue à l’école. C’est ainsi que tout en s’’intéressant aux problèmes posés par l’institution scolaire, le CRIDE veut réserver une place à l’éducation extrascolaire notamment l’éducation des adultes.
Face au défi majeur de l’état de l’environnement, le CRIDE entend produire des connaissances nouvelles auprès non seulement des enfants et des jeunes, mais aussi auprès des femmes et des adultes concernant l’urgence du développement durable.
UR 200: Genre, Sociétés et Culture de développement
L’éducation des adultes peut se faire par la conscientisation ou l’animation socioculturelle. Elle est liée au développement économique et culturel de la population et ne s’inspire pas du modèle scolaire: utilisation manuels d’enfants pour éduquer ou alphabétiser des adultes, utilisation exclusive d’une langue étrangère, sanction des éduqués au terme du processus éducatif. L’éducation des adultes à un caractère fonctionnel et est étroitement liée aux motivations, aux préoccupations quotidiennes concrètes et au développement socio- économique de la population.
Elle consiste en une formation des producteurs; en une formation qui permet à ces derniers de résoudre les problèmes qui se posent à eux dans les activités quotidiennes; elle est un outil ou un moyen de développement. Cela exige que les peuples et les sociétés africaines puissent revoir leur regard sur les femmes, leur regard sur les traditions parfois rebelles au changement des mentalités.
Penser à ce jour le développement du continent sans le labeur quotidien de la femme rurale comme celui de la femme urbaine n’est que pure chimère.
UR 300: Environnement, accès aux ressources et sécurité alimentaire
La majorité de la population congolaise habite le milieu rural où elle s’occupe essentiellement de l’agriculture; l’agriculture paysanne se présente comme le secteur le plus faible de l’économie nationale; elle est politiquement proclamée prioritaire. Paradoxalement, la recherche et l’enseignement sont plus tournés vers le milieu urbain.
Par ailleurs, l’urgence mondiale actuelle étant tournée vers la sauvegarde de la planète Terre et la gestion durable des ressources naturelles en vue d’un développement harmonieux et participatif pour les générations avenir, le CRIDE se veut prendre part à ce combat. La sécurité alimentaire dépend largement de la gestion durable des ressources naturelles. C’est pourquoi le CRIDE encourage les chercheurs à mener des recherches sur ces thématiques d’actualité.
UR 400: Aspects politico-juridiques et aménagement du territoire
Les efforts de recherche et de développement durable resteront vains si l’on ne prend pas en compte les aspects politiques et juridiques essentiellement liés à la gestion foncière, au droit coutumier et positif, au partenariat mondial ou régional entre Etats, au zonage et à la répartition entre territoire de commandement et territoire de production.
La localisation des populations et des activités économiques exige l’intervention des pouvoirs publics, voire une planification de sa part comme nous l’indiquent les ODD et l’Agenda 2063. Eu égard à ce qui précède, le CRIDE en appelle aux chercheurs à considérer ce secteur comme essentiel à la mise en route du développement durable.